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Andalousie 7- Godivina

  • Photo du rédacteur: Robert Verge
    Robert Verge
  • 4 mars
  • 9 min de lecture

Les écuries royales de Cordoue, qui jouxtent les grands jardins royaux du centre-ville, cachent derrière de hautes murailles de pierre, une jolie arène rectangulaire de fin gravier, ouverte à une extrémité, mais sinon bordée d'une fine clôture blanche autour de laquelle s'agglutinent chaque soir les centaines de touristes venus assister au spectacle juste à la tombée du jour. La représentation commence de clarté, et se terminera sous les étoiles, agrémentée d'éclairages colorés d'un effet saisissant.


Le dressage des chevaux est pour les espagnols une tradition pluriséculaire, et tenue en haute estime. Les tableaux qui se succèdent, à un comme à deux, quatre ou dix cavaliers, font étalage d'une maestria époustouflante. Toujours appuyées sur des musiques orchestrales qui mettent en valeur les cuivres comme les espagnols les adorent, elle font également appel à des costumes d'époque, folkloriques ou militaires, pour faire ressortir le talent des cavaliers, mais surtout la grâce et la force de ces bêtes magnifiques, qui s'attirent l'admiration du public presque davantage que les humains qui les chevauchent. On a droit a des duels, à des parades et des carrousels, comme il se doit, mais les numéros les plus étranges à nos yeux non-avertis, mettent en scène des rencontres sensuelles et ambigües entre un cheval et une danseuse flamenco bien plus petite que lui, mais déplaçant autant d'air avec ses froufrous. L'étalon gambade, rue, et tire des bords rapides, jusqu'à ce qu'elle attire son attention et l'attire à elle, d'abord farouche, puis soumis. Par les séquences qui se jouent entre eux, elle doit finir par le mater et le conquérir en le mettant à genoux, non sans être passée par des jeux de séduction franchement érotiques et parfois assez gênants entre une femme et un animal, si noble soit-il.


Ayant vaincu et reçu les honneurs par la génuflexion de l'animal charmé, Godivina quitte fièrement l'arène en jouant de l'éventail pour le public enflammé. Passant près moi à sa sortie du champ de lumière, elle me jette une oeillade toute personnelle avec un sourire malicieux qui semble vouloir dire: «Je t'avais bien dit que tu n'en reviendrais pas!...» Et moi je hoche la tête, fasciné.


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J'ai fait la connaissance de Godivina le matin même au même endroit en venant acheter mon billet pour la représentation du soir. Curieusement, les organisateurs laissent le public entrer librement à ces heures-là, pour voir les participants à l'entraînement, et visiter les boxes qui occupent deux côtés en L de l'arène. Des boxes royaux, c'est le cas de le dire, d'un luxe et d'une propreté exceptionnels. Les garçons d'écurie sont en uniformes, ils sont dynamiques et avenants, se prêtant même volontiers à la photo touristique gentiment demandée. Un cheval blond fait des grands circuits en 8 dans l'arène, et son cavalier lui fait faire des incartades et des petits bonds imprévus qui font crier de rire la jeune amazone accrochée à sa ceinture. Occasion de photo instantanée, car le soleil du matin est doux sur sa crinière fauve en liberté. Je veux dire la crinière de la jeune fille, on s'entend? Elle a un pantalon d'écuyère de la couleur du cheval, de longues bottes noires, et un chemisier lâche blanc-crème sous lequel ses seins semblent libres.


Quand le cavalier la dépose délicatement à la fin de l'exercice, elle le remercie d'une révérence sympathique, et un ruisseau de sueur trempe le dos de sa chemise car elle a travaillé fort et il fait de plus en plus chaud. Elle se retourne pour sortir de l'arène, et on peut voir qu'elle est mouillée devant aussi. Elle vient boire à la fontaine dans la zone ombragée des boxes, et la fraîcheur de l'eau fait aussitôt dresser ses mamelons. Le palefrenier qui ramène son cheval lui tend une serviette pour qu'elle s'assèche, et lui demande s'il elle a terminé. «Oui mais attachez seulement mon cheval et je vais le soigner moi-même, il a besoin de mieux me connaître pour ce soir, nous faisons notre première danse à deux.»


Comme en toutes circonstances en Andalousie, la présence d'un photographe n'intimide personne, me semble-t-il. Elle m'a bien repéré depuis le début, et n'éprouve aucune surprise quand je m'approche d'elle pour lui demander des photos. «Vous aimez les chevaux?», ironise-t-elle. «J'aime toutes les formes de beauté, à vrai dire, et je ne connais rien aux chevaux, mais j'ai été renversé de voir votre aisance avec une si grande bête, vous ne semblez pas avoir peur.» «C'est que la peur me fait rire, ça n'est qu'une façade, et après tout, je suis toute légère pour lui. En fait j'habitue ce cheval à ma présence, car je danse avec lui ce soir. On se connaît à peine.» «Ah, pardon, Boby...» dis-je en tendant la main. «Je parlais du cheval, pas de vous, ha ha, mais enchantée, je suis Golondrina.»


Ayant laissé le cheval boire un peu à l'écuelle fraîche qu'elle lui tendait, elle se saisit de deux brosses et commence à le flatter en le grattant, douce et énergique. Le cheval frissonne parfois quand elle le chatouille, mais se laisse vite aller aux délices du brossage. Elle le remercie ainsi de son amitié, et il la renifle autant qu'il peut. Des liens intimes, physiques, se créent ainsi. Les deux s'offrent à mon regard d'artiste, et je fais mille photos, car il n'y a rien de plus beau que la tête et le corps d'un cheval, sinon quand il est accompagné d'une femme aussi racée.


Pour que la bête sache toujours où je suis et ne me gratifie pas d'une ruade, je poursuis doucement la conversation avec elle, qui m'explique cette performance si singulière qu'elle doit réussir. Elle est d'abord danseuse de flamenco depuis l'enfance, et elle a fait l'école nationale de ballet, mais elle est d'une famille d'éleveurs, de toros comme de chevaux, et cette vie n'a pas tellement de secrets pour elle. Mais les chevaux de l'Écurie royale sont dressés bien différemment pour accomplir des tâches artistiques, rien à voir avec les travaux des champs ou des corridas. Sauf qu'elle est en train d'élever son propre jeune cheval à l'estancia et qu'elle espère avec lui amener quelque chose d'inédit au spectacle, si jamais ils acceptent de la considérer.


«J'aimerais tant vous le montrer, vous voulez bien venir à la campagne avec moi et faire des photos, oh, dites oui, ce n'est qu'à 20 kilomètres et ça me ferait tant plaisir!...» Comment refuser une si jolie invitation à un pique-nique champêtre? Elle appela le palefrenier pour qu'il finisse avec les fers, et me pria de l'attendre le temps qu'elle prenne une douche rapide. Les danseuses de flamenco n'ont pas froid aux yeux, ni les dresseuses de chevaux!


Elle ressortit sans que je la reconnaisse presque, les cheveux ramenés en toque, t-shirt et blue jeans, et des petites sandales au pieds. Elle se moquait gentiment, car j'essayais de comparer la photo de Godivina sur l'affiche avec la Golondrina devant moi. «Vous savez ce que c'est le marketing!, en fait nous avons toutes un nom de scène, moi je suis l’hirondelle (qui fait le printemps) et peu de gens nous reconnaîtraient sur la rue sans maquillage et sans froufrous.» Elle me fit monter dans sa voiture, une espèce de camionnette cabossée qu'elle avait laissée mal garée à l'ombre d'une palmeraie, et qu'elle conduisait comme une formule-un. La campagne n'est jamais loin par ici, et nous nous sommes vite retrouvés dans des allées de gravier qui s'enfonçaient loin derrière des oliveraies et des orangeraies, contournant un, deux, trois moulins à vent, et descendant sur une oasis un peu plus verte avec une grande maison riche sans tape-à-l'oeil, l'estancia, flanquée de quelques bâtiments de ferme. Pas âme qui vive à part les quelques animaux visibles. Son père et ses frères étaient partis sur la côte participer à une exposition agricole annuelle. Nous serions absolument seuls, je n'avais pas peur, au moins?


Elle m'amadoua d'abord avec un petit goûter bien sympathique sous la véranda. Olives, fromage, saucisson, tout vient de l'exploitation familiale, sauf le vin frais de Jérez, ça c'est de l'oncle Eusebio!

N

Elle avait hâte de me montrer son bébé, et m'entraîna vers le petit abri où trois chevaux somnolaient à l'ombre. On les entendait renâcler à notre approche, et donner de la patte sur les rembardes, car elle les excitait de sa voix en les appelant, et ils savaient qu'elle leur apportait des gâteries dans son panier tressé, des pommes et des carottes. Il y avait la mère, une grande jument grise très douce, et le frère et la soeur. Lui c'est Regal, l'aîné, déjà trois ans et demi, et elle pouvait maintenant l'amener à exécuter toutes les cabrioles voulues. J'avais ma caméra toute prête, et elle amena son jeune ami dehors dans le manège entouré d'arbres. Elle le fit marcher et trotter à la longe, tant pour l'échauffer que le calmer, car il ne pouvait réfréner son excitation de la voir. Il donnait des petites ruades et alla même jusqu'à se rouler par terre dans le sable, soulevant une poussière dorée que ma lentille adorait en contrejour!


Elle raccourcit la longe et l'amena devant elle. Je ne sais pas comment elle obtenait cela de lui, mais il saluait profondément de la tête en allongeant une patte avant. Ensuite, elle lui gratta le dessous du corps, et sans faire usage du moindre fouet comme font les professionnels, le fit se dresser immense sur ses pattes arrières, et faire un tour sur lui-même. Elle ne semblait pas consciente du danger, bien qu'il fut terriblement plus grand et lourd qu'elle-même. Revenu au sol sur ses quatre pattes, il la touchait du museau, reniflant sa poitrine et la bousculant gentiment... Il voulait sa carotte, le petit malin gourmand!


Elle le laissa croquer tranquillement et je pus m'approcher un peu pour échanger quelques mots et les photographier tous deux de plus près, tête contre tête. «Il est beau n'est-ce pas? Je lui ai montré plein d'autres trucs de gitans, vous savez, et c'est ça que je voudrais amener au spectacle des Écuries royales un jour. Je veux que vous captiez ça en photo d'abord, ça pourra me servir. Vous voulez bien? Tenez la longe une seconde, nous travaillons peau contre peau.» Et zoup!, elle tombe son jean et me le tend: «Ne le perdez pas, il y a une pomme dedans! Allez vous cacher sous un arbre et faire vos photos.»


Je cours me poster à l'ombre, la laissant nues-fesses et en t-shirt avec le fringant jeune cheval. S'agrippant à la seule crinière, la voilà en croupe, ses cuisses souples la maintenant en place et ses mollets dirigeant la bête agile à volonté elle arrive même comme dans les spectacles d'indiens, à sauter au sol d'un côté comme de l'autre et à remonter en selle (sans selle) sans interrompre le galop du cheval, ce qui demande une force, un agilité, un rythme et une souplesse sans failles. Ça va vite pour moi, mais. elle a comme un sens de la photo, et planifie ses passages à la bonne distance et ses cabrioles au bon moment. Je sais qu'elle entend crépiter mon obturateur, et nous appuyons nos succès de petits aboiements joyeux de part et d'autre.


Je la sens alors plus concentrée pour une finale éblouissante. Elle se met d'abord à genoux sur le cheval au petit galop, puis relâchant doucement tout contact avec la crinière, elle s'élève sur ses pieds, toute debout, amortissant les coups avec ses genoux, mais dressant le torse et tendant les bras en croix. Sa bouche un peu crispée s'élargit en un sourire triomphant et elle goûte le vent qui tend le fin coton sur ses seins animés d'une vie propre! Elle s'accroupit ensuite, je peux voir son sexe gonflé et vivant, mais cette photo ne sera jamais que pour moi en secret, et elle reprend la position assise en terminant sa course vers moi! «La pomme, vite!» Je fouille son froc et lui lance le fruit que ses deux mains appellent: allongée sur le cou du cheval. elle lui agace la joue avec la pomme et il se tord un peu pour l'attraper de côté. Elle la lui glisse entre les dents, sa récompense pour avoir été si bon garçon, et il en bave, un peu trop essoufflé encore.


Elle a repris son jean et la longe, et marche avec moi les jambes frémissantes et nues. «Alors, on a des photos, oui?! Venez qu'on se récompense nous aussi, on va dans la piscine maintenant!» Car en plus il y a une piscine, que je n'avais pas vue derrière une haie dense à l'abri de tout regard. Elle me laisse entrer dans l'enclos et referme la barrière derrière elle. Coquine, elle me débarrasse de mes appareils et déboucle ma ceinture d'un coup sec. «Allons, grouille!, tu ne vas pas te baigner tout habillé?!» Elle me regarde frondeuse tandis que je balance tout pour me retrouver sans chemise, sans pantalon. Elle admire l'étalon en moi le temps d'un battements de cils, puis elle retire son t-shirt pour me dévoiler son corps d'athlète tout luisant de sueur et de poussière. «Pas de photos ici, monsieur Dick! Mais prenez votre zoom personnel et capturez-moi si vous pouvez!» Elle pointait mon sexe qui se dressait par à-coups comme un cheval qui salue, puis elle tourne sur elle-même pour se jeter à l'eau en espérant que je sois sur ses talons. On ne fait qu'un seul plouf! je crois bien, et encore sous l'eau, je commence à lui frictionner les jambes, les fesses, puis les seins, et il faut bien remonter pour s'embrasser et perdre la tête en riant tous les deux car on connaît la suite.


Elle a dansé merveilleusement ce soir-là, et son sourire à mon endroit en quittant l'arène était une promesse d'encore plus d'amour à venir. L'estancia était à nous, et nous y sommes revenus à la nuit pour y nager sous la pleine lune et nous aimer encore très lentement jusqu'à s'endormir l'un près de l'autre en plein air. Regal hennissait un peu dans l'abri, il aurait sa pomme. Demain!

 
 
 

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1 commentaire


Danielle Voisard
Danielle Voisard
10 mars 2021

Un régal que cette histoire!

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