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Andalousie 3 - Bombe à Grenade

  • Photo du rédacteur: Robert Verge
    Robert Verge
  • 8 mars
  • 7 min de lecture

L'Alhambra sur l'acropole de Grenade est un palais islamique millénaire, d'une valeur inestimable pour le patrimoine de l'humanité. À ce titre, il est visité chaque année par des millions de touristes, sur réservation, et il doit être constamment entretenu et restauré avec amour.


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Je m'y attardais autant que possible en après-midi, souhaitant que la foule se disperse un peu, essayant de faire la photo qui n'aurait pas été faite un million de fois déjà, mais aussi contraint par l'heure du jour et l'angle du soleil sur certains murs élevés dans les patios encastrés. Je choisissais des détails, cherchais des escaliers, attendais patiemment que s'écartent les simples touristes pour que moi, le prétendu artiste, j'aie le champ libre pour le cliché qui ferait ouille! quand on le regarde. En me déplaçant ainsi dans une aile ombragée, je me trouvai en arrêt devant une vision que je ne compris pas tout de suite. Sur six mètres de hauteur et trois de largeur, une alcôve en arche typiquement mauresque était fermé par un rideau de lin rendu inaccessible par un ruban de sécurité marquant un chantier de restauration. Ce qui retint mon attention, par contre, comme mes yeux s'habituaient à l'absence de soleil de ce côté, c'est qu'un éclairage de travail de l'autre côté de la toile rendait parfaitement visible un échafaud de près de 3 mètres de hauteur, et les parois travaillées en relief de la muraille ancienne. La curiosité me faisait écarquiller les yeux, mais alors que je m'éloignais déjà, une forme féminine avait bougé derrière le rideau et m'avait rappelé à l'attention. C'était la restauratrice, sans doute, qui là-haut sur son tréteau faisait des étirements après avoir passé de longs moments à s'appliquer sur un détail du mur latéral. Immobile, je ne l'avais pas vue, mais en mouvement, gracieuse malgré sa blouse de travail, elle me fascinait, et j'alignais les clichés de sa silhouette en transparence avec le fin rideau qui nous séparait. Voyeur fini. Elle posa ensuite ses petits outils, une brosse et une petite truelle, et me prit un peu par surprise, en éteignant ses lampes et en descendant agilement de l'échafaud pour surgir devant moi de derrière le rideau. J'étais pris sur le fait, et elle était surprise de ce fait. Je lui dis bonjour, et m'expliquai confusément sur les photos que j'avais faites à son insu, car c'était étrangement très beau, ajoutai-je. Je lui montre alors quelques clichés à l'endos de mon appareil, tant pour me justifier que pour partager cette petite découverte. D'abord interdite, elle montrait de l'intérêt à la vue que ça donnait de l'extérieur quand elle travaillait dans son petit cloître toute seule. Mais les images où elle bougeait et s'étirait la firent un peu rougir. J'ai l'air de danser, non?... Oui, vous êtes une courtisane du harem, et moi le voyageur étranger qui vous admire en secret. On a pouffé tous les deux. Je m'appelle Puri, enchantée. Puri? Quel drôle de nom. Oui nous sommes encore bien traditionnels ici en Espagne, et mes parents m'ont nommée Purificación, en l'honneur de la Vierge! Heureusement qu'ils ne savent pas tout de moi, pouffa-t-elle encore, décidément de bonne humeur. Venez donc prendre un café, beau voyageur étranger, me dit Puri, c'est l'heure de ma pause et j'en ai sacrément besoin. Le travail est tellement minutieux, j'en deviens courbaturée à la longue, et c'est dur pour les yeux. De quoi s'agit-il? Eh bien figurez-vous que des plaques de stuc se sont détachées avec l'humidité de l'hiver, et on allait les réparer quand on a découvert en dessous sur la pierre de base, des sortes de dessins faits à l'ocre, des scènes de vie intime d'autrefois, et on tente maintenant de les restaurer malgré les moisissures et l'effacement graduel. Vie intime?... Oui, c'est bien ce que vous pensez. Ces pièces au bout des allées étaient des chambres à coucher, et il semble bien qu'un artiste du temps y avait passé un moment à immortaliser ses ébats nocturne avec la belle du château. Les belles en fait, car les dessins montrent des scènes érotiques à bien plus de deux personnages. De joyeux lurons, nos ancêtres les maures polygames! Vous m'intriguez sérieusement, ma chère archéologue! Seulement restauratrice d'oeuvres d'art, mon cher, mais je vous invite discrètement, venez voir par vous-même si vous n'êtes pas pressé. J'ai tout le temps du monde, señorita, vous êtes vous-même bien généreuse de votre temps. Je m'ennuie trop, dit-elle, et avec ces scènes égrillardes que je découvre toute la journée, ça me fait plaisir de partager ça avec vous, d'accord? Il lui fallait tout de même user de stratégie pour m'y emmener, car des gardiens étaient postés de loin en loin et gardaient l'oeil ouvert sur les touristes photographes trop aventureux. Elle est retournée avant moi derrière le rideau, et j'ai attendu quelques minutes que le champ soit libre pour m'y insérer à mon tour subrepticement comme elle m'avait proposé de le faire. Il faisait d'abord si sombre que je me suis cogné le nez sur un escabeau qui a rendu un bon bruit de cloche d'église. Ouille! Chhhutt!, ricana-t-elle en m'attrapant par les poignets pour écarter mes mains de mon visage endolori et couvrir mon front de petits baisers doux. Ne faites pas de bruit, je suis censée être toute seule ici! Je faisais semblant de sangloter sur son épaule, mais j'avais tout de même peur de saigner du nez sur sa blouse. Nous sommes montés par le satané escabeau jusqu'au palier de travail, elle me poussant les fesses pour m'encourager pendant que je tâtonnais pour m'assurer de la plate-forme où me jucher. Aussitôt qu'elle m'eut rejoint, elle alluma et nous fûmes noyés dans un bain de lumière douce, mais suffisante pour distinguer tous les détails de la muraille. Son visage me semblait irradier une douceur lumineuse de plus en plus séduisante, tandis qu'elle s'assurait, maintenant qu'on y voyait clair, que je ne sois pas blessé outre-mesure. Je survivrais, selon elle, grâce à ses soins, car avec son métier, il faut une touche délicate. Son sens de l'humour me touchait en tout cas, car on est souvent très seul en voyage, et la rencontre d'une autre être humain qui sait se connecter fait un bien immense à l'âme. Elle était belle, jeune, et n'avait aucun complexe apparemment. Elle me fit asseoir en bordure de l'échafaud, comme elle le faisait pour travailler, et elle commença à me montrer les petits dessins délurés. Ainsi postés latéralement derrière les lampes, personne ne soupçonnerait notre présence. Nous parlions tout bas, et de loin nous parvenaient les murmures de la foule admirant d'autres splendeurs architecturales que les nôtres. Je vivais un moment privilégié, je le sentais bien, et elle dut m'interdire de prendre des photos des dessins, car on saurait alors qu'elle avait brisé le secret dont on allait faire tout un battage publicitaire la saison prochaine. Je crois que de toute manière les photos n'auraient rien révélé, car les dessins d'ocre défraîchi sur la pierre jaunâtre étaient bien difficiles à distinguer pour un oeil non aguerri. Elle m'indiquait les scènes en les caressant avec son pinceau de travail, délicatement. Regardez, la femme nue allongée ici, et il y en a deux autres à côté, ce sont les concubines au bain, et là dans une perspective très avancée, le profil de l'homme qui les regarde... est-ce un eunuque de garde? est-ce le sultan qui les désire? Je vote pour le sultan, regardez ce collier luxueux qu'il porte au cou. Elle rajusta la lampe un peu plus haut pour me montrer autre chose près de moi. Cette fois, elle prit ma main pour diriger mon doigt vers les contours incertains du dessin. Maintenant, il est agenouillé devant elle et porte ses lèvres à son sexe, voyez comme elle cabre sa tête en arrière de jouissance. Une des autres femmes lui caresse les seins, et l'autre masse gentiment le dos du sultan. C'était carrément explicite et poétique en même temps. La représentation des figures humaines étant mal vue des peuples islamiques, et on peut se demander quel visiteur hindou de l'histoire passée était parvenu jusque là pour effectuer ces dessins qu'il aurait ensuite peut-être transformés en bas reliefs comme on voit en Inde autour des frises des temples. Puri tenait ma main un peu plus longuement et tendrement qu'il n'aurait été nécessaire, mais je ne trouvais pas les mots pour m'en plaindre. Elle m'a fait me glisser plus près d'elle pour me rapprocher d'un autre dessin, mais il n'y avait plus tellement de place de ce côté, et elle m'enserrait la taille pour que je me penche devant elle pour bien voir, m'offrant ainsi sa poitrine à frôler et son parfum à respirer. Elle faisait l'innocente, mais nous allions quelque part et elle le savait très bien. Moi je jouais au bon élève amoureux de la maîtresse, désireux de bien répondre aux questions, mais de plus en plus fiévreux devant le sujet de l'examen. Et que voyez-vous ici? C'était bien assez clair, le sultan enfilait sa maîtresse par derrière et elle paraissait enchantée de la chose, la tête relevée et regardant le spectateur que j'étais, me causant un émoi difficile à camoufler. Regardez cette suivante qui caresse encore les seins de la dame par-dessous, tandis que l'autre vient derrière l'homme rabattre le pan de son manteau et lui caresser... les bourses et le vit... Regardez son immense tige courbée... comme ceci! J'avais maintenant la tête enfouie dans son corsage et elle me flattait le sexe à travers mon pantalon tendu. Vous en avez assez vu, caballero, maintenant il faut réviser votre leçon, mon ami. Elle éteignit pour éviter que quiconque ne nous aperçoive de l'autre côté du rideau, et m'entraîna au centre de la plate-forme sur un amas de toiles protectrices. Sous sa blouse déboutonnée, elle ne portait qu'un cachemire velouté sur ses seins gonflés du désir qu'elle avait fait monter entre nous. Elle n'a plus travaillé du tout ce jour-là, et je n'ai plus pensé faire aucune photo. Pourtant, je n'ai perdu aucune image mentale de ce que touchaient mes mains dans la pénombre, puis ma bouche, puis tout mon corps, et au centre de lui, mon glaive qu'elle accueillit dans sa blessure originelle avec la plus douce des plaintes retenues. Le gardien qui faisait sa ronde a dû penser qu'un chat s'était réfugié derrière le rideau, mais qu'il sortirait bien tout seul quand il voudrait manger. Nous, le matou et la chatte, nous mangions déjà notre amour à belles dents, et nous avons encore pouffé de rire quand le gardien-eunuque s'est éloigné sans plus nous inquiéter. Purificación!

 
 
 

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1 Kommentar


Danielle Voisard
Danielle Voisard
10. März 2021

Et finalement, tu as passé l'examen haut la main, ça m'a l'air !😆

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