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Andalousie 4 - Ciel!, ton mari marri...

  • Photo du rédacteur: Robert Verge
    Robert Verge
  • 7 mars
  • 13 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 juin



Pour la semaine du Festival de tango à Grenade, j'avais eu le flair de choisir une auberge patrimoniale en plein coeur du quartier historique. Dans une venelle si étroite que les taxis n'y ont pas accès. Derrière, nous surplombait la falaise de l'Alcazaba (Dieu fasse qu'elle ne nous tombe pas dessus après autant de siècles de domination...); et en face, de l'autre côté du Rio Darro qui serpente depuis la montagne en contournant le Paseo de los Tristes (les tristes... pleureuses des funérailles) avant de disparaître complètement sous les dalles de la ville, s'érigeait le gros buton de l'Albaycin, arrondi et aussi haut que les falaises déchirées et abruptes de l'Alhambra. un dédale tout blanc de ruelles escarpées, un territoire tricoté de carmens, ces jardins privés tout emmuraillés et abritant chacun une maison familiale, certaines avec vue imprenable sur l'Alhambra et la Sierra Nevada, le congélateur naturel qui garantit aux résidents de Grenade une fraîcheur dont ils se vantent en riant. Entre ces deux massifs, au creux du resserrement de la vallée, l'auberge était donc en plein dans la raie culière de la ville, chaude et confortable, même si les vents se faisaient parfois un peu plus sentir qu'en d'autres endroits. Une tornade était passé l'autre jour, emportant des terrasses tout ce qui pouvait l'être: nappes, chaises vides, affichettes en escabeau... Aux camareros de démêler leurs menu del dia entre eux et de remplacer les bières renversées. Après un moment d'affolement, on avait tourné ça à la rigolade, car ils avaient l'air habitués à ces coups du sort. De ma chambrette à l'étage supérieur, j'entendais facilement les bruits de la Plaza Nueva toute piétonnière: la cloche du Palais de Justice qui sonnait aux quarts d'heures en commençant sept minutes après l'heure juste (l'heure espagnole n'est pas une invention); les angélus de la chapelle de Santa Ana qui sentait l'encens le dimanche; les rythmes latins endiablés d'un groupe de jeunes musiciens qui faisaient les 5 à 7 en passant le chapeau et en se faisant photographier avec les jolies touristes; les rires et les applaudissements bien sentis de la foule qui adorait soir après soir leurs très bonnes prestations. Mais la nuit et jusqu'à 9 heures le matin, l'endroit était pratiquement désert et paisible à l'extrême, ce qui réjouissait mon désir de quiétude. Comme chaque soir du festival, je me rendais à pied au Théâtre Isabel la Católica pour un spectacle assurément rempli de beauté et d'émotion pour quiconque adore le tango argentin. En me pressant, ça m'aurait pris 5 minutes, mais avec une heure d'avance, je pouvais regarder une répétition des processions de la Semaine Sainte avec un Christ sanguinolent devant lequel même les jeunes femmes modernes écartaient leur téléphone et se signaient pudiquement, ou bien choisir l'une ou l'autre cueva animée et alterner entre un plateau de jamon Ibérico, de fromages de brebis, ou une tomate vinaigrette, recouverte de thon à l'huile avec un quignon de pain chaud et craquant. La caña de bière pression venait d'abord avec sa tapa granaína au choix du patron. Un repas sur le pouce d'une qualité réjouissante. Cela me laissait bien vingt minutes pour un espresso et un pionono, le délice de Grenade. Un tout petit gâteau moelleux aromatisé avec des crèmes légères et recouvert d'une couche de chocolat craquant. Deux bouchées d'amour, c'est bien simple. Saveurs diverses, chocolat blanc ou noir, café, fraise, on mon préféré, le «doré», saveur indescriptible mais divine, dorée, quoi! Ben quoi?, il fallait que je me soutienne pour passer à travers deux heures de concert et trois heures de milonga après ça... Ma semaine se déroulait comme du papier à musique jusqu'à la quatrième soirée, un peu plus tardive. Mes amis m'avait déposé après la danse devant la statue d'Isabel la Católica et j'avais parcouru les derniers 200 mètres à pied en profitant de la fraîcheur de la nuit. Un retour de tango typique, on flotte sur un nuage de fatigue et de plaisir, et les meilleures musiques nous tournent entre les deux oreilles. Je me présentai à la porte de l'hôtel vers 2h45 du matin, et les grilles accordéons avaient été fermées et verouillées. Ah bon, que faire? Pas d'entrée alternative, pas d'avis. Tout de même étrange que le gardien de nuit se soit ainsi esquivé sans prévenir... Après cinq minutes d'attente et de coups de sonnette inutiles, je compris qu'il n'était pas seulement allé aux toilettes, mais qu'il était endormi ou absent. Malgré mon envie de dormir, j'étais encore sous le coup de l'adrénaline de cette soirée endiablée que je venais de passer dans les bras d'une succession de jolies dames heureuses de se voir si bien accompagnées sur la musique captivante du tango. J'échafaudai sur-le-champ un plan d'escalade qui me paraissait parfaitement logique (avais-je bu un dernier verre de trop?): la fenêtre du rez-de-chaussée était lourdement grillagée de fer forgé, et c'était pratiquement une échelle qui me permettrait d'atteindre le faux-balcon de l'étage , puis celui de ma chambre au-dessus. Je me souvenais d'avoir laissé ma fenêtre entrouverte, je n'aurais aucun mal à retrouver mon lit dans quelques secondes. Mon impatience devant la situation m'avait un tant soit peu échauffé les esprits et je ne perdis pas une minute de plus. Les premiers barreaux furent vite escaladés, mais j'eus un peu plus de mal à atteindre l'étage. J'y parvins cependant au prix d'un certain effort, d'autant plus que je ne tenais pas à réveiller les autres résidants en me faufilant à leur fenêtre. Ma chambre se trouvant directement au-dessus de la porte d'entrée, j'avais une diagonale à franchir, et même debout sur la rampe, et en m'aidant du tuyau électrique qui montait là, il me manquait cinq ou six centimètres pour arriver à m'agripper au barreau de fer de ma chambre à moi. Je n'avais qu'une chance: il me fallait sauter, et ne pas me casser la gueule. Ç'est à ce moment-là que ça s'est gâté, car si un danseur de tango a des jambes fermes et vives, ses mains, elles, sont douces et peu habituées à enserrer avec force, ce qui serait un défaut rédhibitoire pour un caballero convenable. Je prends des détours pour en venir à avouer que ce qui devait arriver, arriva! La prise que j'avais eu sur le barreau supérieur en sautant me faisait beaucoup trop mal et mes doigts glissaient inexorablement. Si je ne voulais pas retomber sur les pavés en bas, je devais me servir de mon élan pour au moins me retenir au faux-balcon de l'étage. Je mis un pied sur le garde-fou en abandonnant ma prise, mais je fus alors entraîné dans une chute en toupie, me retrouvai à tomber entre le garde-fou et la fenêtre, que j'enfonçai brutalement du genou et du coude sans le vouloir. La gravité est une force insurmontable, et se fit sentir dans la gravité du moment! Ce fut un fracas innommable pour le couple à l'intérieur, une bête blessée venait de s'effondrer derrière leurs rideaux, et les éclats de verre résonnait sur le sol dallé.

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Une voix de femme poussa un cri étouffé, et un rugissement d'homme suivit, articulant à ma surprise: «Ciel, ton mari!» Endolori et étourdi, le temps que je dépêtre de ces lourds rideaux et surgisse dans la chambre pour tenter de rassurer ses occupants, j'entendis la porte donnant sur le couloir se refermer en vitesse et se reverrouiller automatiquement: l'amant inconvenant avait rapaillé ses vêtements et s'était enfui sans demander son reste. Ce qui me troubla bien davantage, alors que je me confondais en excuses auprès de la dame allongée dans le lit et qu'on y voyait à peine car on avait posé une culotte de dentelle rouge sur la lampe de chevet, c'est qu'en m'approchant respectueusement, je compris que la belle était ligotée aux pieux ouvragés de la tête de lit, et qu'un mouchoir de soie enfoncé dans sa bouche expliquait son cri «étouffé». Tout ce qu'elle essayait de dire maintenant résonnait comme du chinois à mes oreilles. Mais elle n'avait pas l'air effrayée, seulement perplexe, et elle souhaitait surtout que je retire ce baillon. Je dois dire que son agitation créait des ondes de chocs très fascinantes dans ses seins amples et souples, tandis qu'elle agitait les jambes comme pour soulever le reste du drap qui la couvrait, mais ainsi attachée au deux poignets, cela ne servit qu'à la dénuder complètement. J'étais aussi gêné que transporté par cette vision. Elle était certainement la plus belle femme que j'avais vue jusqu'ici: pour une Grenadine, c'était une bombe! Des cheveux noirs bouclés et lustrés, des yeux de chatte, sombres autour et reluisants comme une lame de couteau au centre, des dents blanches comme des perles. Elle n'était pas bronzée, sinon même à la lueur rougeâtre de la lampe, on aurait vu la démarcation du maillot; non, elle avait un teint mat cuivré de la tête au pieds, ses mamelons était durcis et sombres comme ceux d'une indiennne, son ventre doux au nombril frémissant comme un maelström sur une mer agitée, et son pubis couvert de laine noire: une gitane!, me dis-je soudainement illuminé. La Carmen mythique et parfaitement déifiée était là devant moi, pas du tout imaginaire, mais bien en chair et grouillante de vie. Ma stupeur et mon attitude d'admiration la firent se calmer peu à peu. Je voulais bien enlever le mouchoir, mais je lui fis promettre de ne pas chercher à me faire mal avec des coups de pieds, ni de me mordre, car elle avait grogné en se débattant. Je suis votre voisin de chambre d'au-dessus, c'est un terrible accident, tentais-je de lui expliquer, je suis rentré, le portier de nuit avait tout barricadé, et en tentant d'escalader la façade, je suis littéralement tombé sur vous. Vous voyez bien ma tenue, je ne suis qu'un danseur de tango de retour de milonga. Désolé d'avoir interrompu votre... Vos ébats, si on peut dire... Je ne vous veux aucun mal. Elle reprit son souffle, et se répandit en injures: lâche, salaud, pas de couilles! ... Je le prenais contre moi au départ, mais elle crachait ça à l'endroit de la porte, et je compris qu'elle vomissait l'autre gars qui l'avait abandonnée à son sort en ne pensant qu'à lui-même. Qui était-il?... Personne, un sale touriste anglais, un inconnu qui m'a fait du charme, et qui n'a même pas le courage de me protéger contre vous! Ce n'est pas un caballero en tout cas! Pas un gentleman. Tout ça pendant que la jolie dame avait toujours les bras écartelés vers le haut, les poignets liés au chandeliers du lit. Les charmes du mobilier patrimonial, rigolais-je en moi-même. Je pointai ses liens pour demander son assentiment à ce que je la détache, et je voulus récupérer le drap pour la recouvrir poliment. C'était dommage, mais bon, on est gentleman ou on ne l'est pas. Pourtant c'est elle qui de la jambe, empêcha le drap de remonter sur elle. Elle changeait d'attitude et me proposa un marché. Attendez un peu, monsieur, vous êtes là maintenant, vous êtes gentil, et moi on m'a abandonnée alors que j'étais prête à tout donner. Vous êtes à l'abri, à deux pas de votre chambre, mais rien ne presse. J'aimerais mieux ne pas rentrer seule à. Une heure pareille, vous ne voulez pas en profiter pour nous faire du bien? Nous nous esquiverons au matin. L'autre idiot a payée pour toute la nuit et n'a rien consommé.

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Étrange situation où elle me faisait du baratin, sur le budget d'un autre, et dans une chambre ressemblant à la mienne en tout point, à croire que je m'y sentais aussi bien. Depuis un moment j'étais assis sur le bord du lit, tout contre elle, et décidément, sa chaleur corporelle me troublait les sens et m'attirait vers elle. Je voulus encore lui délier les poignets, mais elle retarda encore le moment: soyez mignon, déshabillez-vous d'abord, que je voie. Ces mots me donnèrent un choc soudain, je sentis comme une fièvre me traverser, et comme si le courant de ses yeux sur ma poitrine me guidait, je déboutonnai ma chemise avec des doigts tremblants. J'acceptais donc son marché, même si je réfléchissais au risque encouru, pas grand-chose, finalement, j'étais chez moi. Du regard, elle me guidait sur la suite, la ceinture, le pantalon, tout! Je me retrouvai vite aussi nu qu'elle, debout avec mon sexe déjà avantageusement soulevé, bien gonflé malgré ma timidité. Elle avait l'air très satisfaite, souriant d'approbation et se mordillant les lèvres. D'accord... dit-elle avec délectation, on ne va pas y perdre au change, donc. Un peu transi par l'air frais venu de la fenêtre brisée, je souhaitais en fait me réchauffer au plus vite à son contact. Je me penchai à nouveau vers les attaches pour la libérer, et elle en profita pour tenter d'attraper mon sexe tendu avec sa bouche, mais n'y réussit qu'à moitié. Je me retirai de surprise. Elle continua le jeu: laissez cette idée de me détacher pour l'instant, profitez-en donc plutôt, je suis à votre disposition, à votre merci peut-être, mais non plus à mon corps défendant. Je vous appartiens à mon corps «permettant», rigola-t-elle pour détendre l'atmosphère. Elle me toucha par son humour et sa bienveillance évidente. D'accord me dis-je, et je posais mon genou contre sa hanche pour mieux la caresser, en commençant justement par ses bras en croix, et tentant de lui activer la circulation après cette longue immobilisation. Elle sourit encore et ferma ses yeux pour ressentir les douceurs que je lui prodiguais alors à profusion avec mes mains, ma poitrine, ma bouche et mon souffle. Sa respiration devint calme et profonde, elle me donnait tout le temps qu'il me fallait. J'ai toujours été fasciné par les différences de peaux entre les femmes, et sur chaque femme, les différences de douceurs entre toutes les parties de son corps, de la perle à la pêche, dessus, dessous, et dedans. Et elle, de là ou elle devenait la plus douce, entre ses cuisse tendres et chaudes, elle frémissait quand mon nez se grattait dans les poils drus de son triangle magique. Elle se tordait lentement d'un côté ou de l'autre pour permettre à mes mains d'apprécier l'extension de son dos et la rondeur de ses fesses fermes et souples. Ses cuisses s'écartèrent alors devant mon visage et elle m'offrit de goûter le nectar de sa fleur, d'effleurer son pistil mouillé et gonflé, cherchant mes baisers comme mes baisers le trouvaient, en ramenant de grands bavures visqueuses du profond de l'échancrure de sa vulve rose vif. Vite, elle respira de plus en plus fort, et dit tendrement, les yeux rieurs, soyez très gentil, mettez deux doigts à l'intérieur et caressez bien vers le haut, je vais vous étonner, je crois. Toute ouverte, toute mouillée de sécrétions délicieuses et parfumées, je mis mes doigts comme elle disait pour trouver son point d'extase. En même temps je continuais d'amuser son bouton rose avec mes lèvres et ma langue, tandis qu'elle enserrait mon cou de ses jambes relevées et croisées. Les liens enserrant ses poignets lui donnait en fait une force d'appui lui permettant de me tenir à sa merci et de me guider dans les mouvements intérieurs que mes doigts s'appliquaient à lui prodiguer. Elle haletait maintenant, je comprenait qu'elle allait jouir de toute urgence. Elle me glissa seulement: enlevez vos doigts dès que je vous dirai, mais pas avant, continuez fort, c'est bon! Et vous verrez ce que vous allez voir. Je suivais ses ordres, ceux qu'elle articulait, mais surtout, les mouvements, les halètements, les torsions et les cabrements. À ces moments-là, l'humain s'élève au ciel et descend vers ses racines profondes, et ce partage décuple les forces de l'amour. Quand elle n'en a plus pu, elle prit appui sur ses talons, et après quelques secondes ou je continuais de la manipuler, elle me souffla gentiment: Enlevez vos doigts et ouvrez vos yeux! J'obéis, intrigué et fasciné par sa force vitale; son sexe pulsait et soudain, elle trembla une bonne secousse, alors que jaillit de sa fente un geyser d'eau de source chaude qui m'éclaboussa tout le frond, puis en s'appaisant, le nez et la bouche. Je suffoquais un peu en riant, mais en voulant me sécher, je constatai que le lit avait déjà été couvert d'une grosse serviette, le coup était prévu. Ouf! Pardon, mais ça fait du bien, lâcha-t-elle mollement. C'est bon, dis-je, et ça donne l'impression de vraiment te faire de l'effet. Parfaitement, répondit-elle, et maintenant c'est à toi qu'il faut faire de l'effet. Je la détachai, et comme toute sa lubrification avait été emportée par le déferlement, elle me prit une première fois dans sa bouche, et je ne résistai pas longtemps, car j'étais sérieusement excité malgré l'heure tardive. Elle remonta ensuite au long de mon corps en glissant ses seins lourds et doux sur ma poitrine velue, ses pointes passait au travers du poil et me grattaient finement la peau. Je frissonnais, mais je faisais semblant d'être attaché à mon tour et je ne la touchais que de la bouche. Après m'avoir donné ses mamelon à lécher, elle enfila mon sexe dans le sien jusqu'au fond. Elle n'eut qu'à bouger très doucement et en quelques minutes, nous avons tous les deux renouvelé nos jouissances en nous offrant l'un à l'autre au même moment. Elle laissa couler sa tête dans mon cou et nous avons tout de suite dormi profondément, Je ne me souviens pas que mon sexe se soit retiré de son nid douillet, ni du moment où elle s'est glissée hors du lit et de la chambre, sans doute au petit matin pour éviter de croiser le personnel.

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Lorsque je me suis rendu compte que j'étais seul, le soleil pointait et je repris juste assez mes sens pour me dire que ceci n'était pas ma chambre, et que je devais monter un étage au-dessus me mettre en sécurité. Je remis sommairement mes vêtements, et retrouvai la carte pour entrer chez moi, et me remettre au lit dans mes draps propres où j'apportais son odeur à elle, musquée, fraîche, inoubliable. Ma face dans l'oreiller, tout mon visage et ma barbichette sentaient son amour. J'avais pris une douche inattendue, intime, éblouissante. -- Le Festival de Tango avait ensuite pris fin, me laissant enfin la chance d'aller explorer le territoire du flamenco dans les maisons-grottes du Sacromonte, un peu au-delà de l'Albaycin. Les maisons spécialisées en flamenco abondent à Grenade, et je demandai conseil au réceptionniste qui réserva pour moi au meilleur spectacle authentique selon lui. Je vous assure que vous ne le regretterez pas, me dit-il d'un air entendu. Évidemment, il reçoit son pourcentage sur les clients qu'il envoie. Pour un Euro, le bus C2 qui passait à la Plaza Nueva me laisserait à la porte même du lieu mystérieux pour la représentation de 22 h, et me ramènerait pour minuit. Dans ce quartier escarpé, les façades arrondies, suivant le rebord du chemin, cachent le fait que le moitié de la maison est en fait creusée dans le roc à partir d'une grotte naturelle. Je m'étais demandé. Si je trouverais l'endroit: de toute manière, je n'étais pas le seul, car les touristes affluent pour voir ces spectacles tout ce qu'il y a de moins improvisé. Dans la soi-disant demeure gitane, on distribuait à chacun une consommation de son choix, tandis que les deux guitaristes s'échauffaient progressivement. On m'avait réservé une place dans un coin tout près de la scène minuscule. J'allais tout voir, et déjà mes genoux pouvaient toucher les tréteaux et ressentir les mouvements des musiciens quand ils tapaient des mains. Quand toute l'assistance d'une trentaine de spectateurs étrangers tous radieux eut été servie, un troisième larron se joignit alors à eux, pour chanter ces mélopées gutturales et rythmées qu'on aime tant pour la passion douloureuse qu'elles expriment. À la pièce suivante, on entendit des rythmiques de talons s'approcher avec accompagnement de froufrous et je dû me serrer pour laisser passer les deux danseuses, l'aînée drapée de rouge et noir à pois blancs avec plusieurs volants ondulants comme il est de mise en flamenco traditionnel. La seconde danseuse qui l'avait suivie sur scène, chose rare à mes yeux, avait plutôt revêtu un pantalon noir ajusté sur ses fesses, et ouvrant en froufrous noirs seulement au niveau de ses bottes. Elle jouait un peu le rôle de l'homme , d'ailleurs sa chemise blanche empesée bouffait un peu sur sa ceinture, mais enserrait son corsage avant de s'ouvrit sur un col à pointe bien masculin. On n'avait d'yeux d'abord que pour la maîtresse en rouge et noir, qui s'exécutait à merveille, des rondeurs de ses bras aux rythmes irrésistibles de ses pieds, et à une vitesse de plus en plus grande jusqu'à un arrêt brusque appuyé par les hurlements de loup du chanteur. Les castagnettes de celle qui jouait l'homme au pantalon noir entrèrent doucement en action, et ses jambes ne bougèrent presque pas au début, ne prenant que des poses fières et élancées. Le solo de castagnettes enchaîna sur un jeu de pied soutenu. Soudain, un pivot et elle se tourna dans la direction où je me trouvais et avança vers moi en semblant vouloir me provoquer. Elle me brûlait le visage de ses regards enflammés, à l'insu de l'auditoire déjà conquis. J'avais tout de suite reconnu ma Carmen, et je sus désormais que j'allais passer encore une nuit de rêve sous une pluie d'étoiles.

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3 Comments


Robert Verge
Robert Verge
Mar 09, 2021

D'où le mot fiction.

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Danielle Voisard
Danielle Voisard
Mar 09, 2021
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Tes histoires sont palpitantes, excitantes, très visuelles, bref, on en redemande !

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Danielle Voisard
Danielle Voisard
Mar 09, 2021

Ohhhh! "Une nuit de rêve sous une pluie d'étoiles! " ... Comme le hasard fait bien les choses ! Je dois te dire que j'ai bien rigolé à t'imaginer grimper les balcons ! 😅

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